Les Nigérians manifestent depuis des années contre la brutalité policière dans leur pays sans impact sur le reste du monde. Alors pourquoi les manifestations de ce mois d’octobre ont-elles attiré l’attention et le soutien de la communauté internationale à une échelle jamais vue auparavant ?
Au cours des deux dernières semaines du mois d’octobre, une vague de soutien sans précédent aux manifestants nigérians s’est produite sur Twitter, avec divers hashtags, mais surtout #EndSARS.
SARS signifie Special Anti-Robbery Squad (équipe spéciale de lutte contre le vol). et ce sont les exactions commises par certains éléments de cette unité spéciale qui ont été dénoncées.
Les accusations de vol, d’attaque et même de meurtre porté contre des officiers du Sars sont récurrentes, mais c’est la nouvelle vague de manifestation commencée début octobre qui a généralisé les manifestations contre les policiers de cette cellule spéciale.
Tous les canaux virtuels ont été utilisés par les Nigérians mais aussi par tous ceux qui soutiennent leurs actions à travers le monde..
Les actions de l’utilisateur de Twitter, qui se fait appeler Chinyelugo ont propagé le hashtag #EndSars. Il n’avait que 800 fans au départ mais a reçu plus de 10 000 retweets. Il explique à la BBC qu’au tout début il n’était pas très actif sur Twitter mais ayant été personnellement harcelé par la police un ami lui a parlé des manifestations, il a donc ressenti le besoin de les tweeter.
« Si Sars vous voit comme un jeune qui a du succès avec une belle voiture, ils vous harcèleront et vous extorqueront de l’argent », a-t-il expliqué.C’est Chinyelugo qui a ensuite tweeté la vidéo de ce qu’il dit être celle dans laquelle un jeune homme est abattu par la police.
La vidéo semble provenir d’un récit d’Instagram posté par une personne qui se décrit comme Azakaza Sarah – une ambassadrice de mode dont les posts sont normalement un mélange de poses en collants résille et de promotion de gommages corporels. Elle est maintenant bien connue sur Twitter.
Quelques personnes que la presse nigériane décrit comme des influenceurs des réseaux sociaux, et qui se sont plus tard décrites comme des « leaders accidentels », ont pris la cause en main.
Selon Nduka Orjinmo de la BBC, la véritable énergie a été injectée le mercredi 7 octobre, quatre jours après le tweet sur l’homme abattu, lorsque Rinu Oduala, une femme qui se décrit comme une stratège des médias, a persuadé d’autres manifestants de passer la nuit devant le siège du gouvernement à Lagos.
Dans les premiers jours des manifestations, Mayeni Jones, correspondante de la BBC Nigeria, note une intéressante activité numérique qui pourrait expliquer pourquoi les manifestation ont reçu beaucoup plus d’attention qu’auparavant.
Par la suite, les manifestants ont commencé à impliquer les célébrités à travers le monde.
Le vendredi 9 octobre, Dípò Awójídé, qui se décrit sur Twitter comme un conférencier en stratégie, a judicieusement fait appel au boxeur nigérian-britannique Antony Joshua et à l’acteur de Star Wars John Boyega en leur demandant de tweeter sur les manifestations anti-SARS.
Et pour les convaincre, dans son appel, il a assimilé #EndSars à Black Lives Matter.
Le célèbre footballeur Ozil qui compte à lui seul 25 millions d’adeptes sur Twitter fait partie des personnes qui ont contribué à la diffusion des évènements du Nigeriar.
Et rien que sur Twitter les discussion ont atteint un pic de 661 340 tweets le dimanche 11 octobre 2020 .
Jak Dorsey le patron de Twitter est entré dans la danse
Quelques jours seulement après le début des manifestations, le « Big Boss » de Tweeter Jack Dorsey, a personnellement tweeté pour demander une collecte en faveur des manifestants.
Deux jours plus tard, il a tweeté un nouvel émoji sur son compte, montrant un poing levé aux couleurs du drapeau nigérian, conçu spécialement pour #EndSars.
Selon les estimations. Au vendredi 16 octobre, il y avait près de 3,3 millions de tweets avec 744 000 retweets de messages contenant le hashtag #EndSARS.
Le président Nigerian Muhamadu Buhari a instruit la semaine dernière les chefs de la police de dissoudre cette unité spéciale. Selon un responsable des forces de sécurité, des policiers seront déployés dans quatre autres unités à travers le Nigeria.
Avec bbc Afrique