C’est désormais officiel, le président Alpha Condé, est candidat à la présidentielle en Guinée. L’élection est prévue le 18 octobre. Malgré des mois de contestation contre cette candidature pour un troisième mandat, le président sortant maintient ses ambitions. Son parti défend logiquement sa décision de se représenter, l’opposition préparer déjà ses actions pour protester.
Contrairement à 2010 et 2015, cette fois-ci, Alpha Condé n’a pas fait d’allocution pour annoncer sa candidature. C’est son parti qui s’en est chargé. Dans l’entourage d’Alpha Condé, on explique qu’il y a un parallélisme des « formes » : c’est son parti qui était demandeur, il revenait au RPG Arc-en-ciel, d’annoncer sa candidature.
Ses soutiens espèrent désormais le voir achever des chantiers. « Sa première mandature et sa seconde ont été entrecoupées par Ebola et le Covid-19, sans compter les manifestations politiques qui ont émaillé tout le long de ses deux mandats, argumentePapa Koly Kourouma, le porte-parole de la Codecc, la Convention démocratique pour le changement dans la continuité. Nous pensons qu’il faut ce mandat pour pouvoir finaliser ses travaux. Il est donc avantageux pour nous puisque la loi lui permet d’être encore là pour finir ce qu’il a commencé. »
Appel à la Cédéao
Pour les soutiens du chef de l’État, les compteurs redémarrent à zéro avec la nouvelle Constitution. La classe politique n’a pas tardé à réagir. Peu surpris par cette annonce, l’opposant Bah Oury dénonce « une fuite en avant ».
Le FNDC (opposition et société civile) condamne cette candidature et appelle à « l’union sacrée» contre un éventuel troisième mandat d’Alpha Condé, qui symbolise un recul de la démocratie aux yeux d’Ibrahima Diallo, chargé des opérations du FNDC. « Alpha Condé, qui revendique un combat de 40 ans pour la démocratie, aujourd’hui se dédie, renie tout son combat et accepte aujourd’hui de changer la Constitution pour se maintenir au pouvoir. Les manifestations vont reprendre effectivement contre la confiscation du pouvoir contre le coup d’État constitutionnel. C’est également un appel que nous allons lancer à la Cédéao à travers ces manifestations pour dire que, pour éviter le scénario malien, il faudrait vraiment que la Cédéao puisse prendre ses responsabilités et demander à monsieur Alpha Condé de retirer sa candidature, et renoncer à son troisième mandat pour la paix et la quiétude sociale en Guinée »
Cellou Dalein Diallo candidat ?
Le FNDC annonce la reprise des manifestations, mais avant cela, cette plateforme de l’opposition et de la société civile doit clarifier les choses en interne. Une réunion du comité de pilotage du FNDC a lieu ce mardi après-midi. Chaque leader politique doit dire s’il se lance ou non, dans la course à la présidentielle.
On devrait notamment savoir si Cellou Dalein Diallo est candidat. Mais s’il décide d’y aller, il risque de perdre le soutien du FNDC, puisque la plateforme est ferme sur ce point : tout candidat à la présidentielle est automatiquement exclu. Car le FNDC estime que c’est tout le processus électoral qui est biaisé, qu’il est donc impossible de manifester à ses côtés, contre une candidature du chef de l’État, tout en battant campagne.
RFI