Cyber espionnage : Plusieurs personnalités auraient été espionnées via leur téléphone portable au Togo

Afrique

Pegasus, le logiciel d’espionnage israélien qui fait beaucoup parler de lui, aurait servi à surveiller des opposants et des personnalités religieuses au Togo. Révélations des journaux Le Monde et The Gardian qui s’appuient sur les données d’un laboratoire de recherche canadien.

Le Citizen Lab, rattaché à l’Université de Toronto, étudie le cyber espionnage contre la société civile. Et depuis quelques années ce laboratoire de recherche met au jour de nombreuses attaques impliquant le logiciel israélien Pegasus et sa maison-mère NSO. Dernière affaire en date, au Togo, donc, où plusieurs personnalités auraient été espionnées via leur téléphone portable. Quatre noms sont révélés : l’opposant Raymond Houndjo, deux religieux, le père Affognon et Mgr Alowonou, président de la conférence des Evêques du Togo. Ces personnalités sont connues pour être critiques envers le pouvoir de la famille Gnassingbé qui règne d’une main de fer sur le pays depuis plus de 50 ans. L’ancien ministre des affaires étrangères Elliott Ohin aurait également été espionné via Pegasus, selon Citizen Lab.

WhatsApp victime d’une énorme faille dans son système de sécurité

Les deux religieux togolais, victimes de campagne de désinformation contre eux, ont bien eu des suspicions sur le piratage de leur téléphone portable. Les certitudes sont venues lorsque WhatsApp, la célèbre application de messagerie, leur a envoyé un message leur annonçant qu’ils avaient été victimes du logiciel espion Pegasus. L’an dernier, WhatsApp s’est en effet aperçu d’une faille de sécurité dans son système et grâce à l’aide de Citizen Lab a identifié 1 400 appareils infectés, une centaine de membres de la société civile auraient été espionnées via Pegasus.

Pegasus est un logiciel espion très sophistiqué qui peut rentrer dans votre smartphone sans que vous vous en aperceviez, et avoir accès à toutes vos données : messages, photos, contacts, informations personnelles, etc. Pegasus a été mis au point par la société israélienne NSO. Sur son site, l’entreprise affirme proposer des technologies à des agences gouvernementales pour leur permettre de lutter contre le crime et le terrorisme. Mais apparemment, certains gouvernements se serviraient de ces puissants outils pour espionner des personnes de la société civile, défenseurs des droits humains, opposants, journalistes, avocats, etc…

De nombreuses affaires ont été mises au jour par Citizen Lab depuis 2016

Au moins 130 cas d’abus concernant des défenseurs de droits de l’homme et des journalistes dans des dizaines de pays, ont eu lieu, selon le laboratoire de recherches canadien. Au Mexique, 25 personnes auraient été ciblées. En Arabie saoudite, un célèbre militant aurait été espionné via Pegasus. Il était en contact étroit avec Jamal Khashoggi le journaliste assassiné en 2018 au consulat d’Arabie saoudite à Istanbul. Au Maroc, un journaliste aussi aurait été pris pour cible.

Plus récemment, le mois dernier, des hommes politiques en Espagne se sont plaints. Le président de la Catalogne, l’indépendantiste Roger Torrent, a accusé le gouvernement espagnol de l’avoir espionné en utilisant  Pegasus. La société NSO qui édite le logiciel se retrouve donc au centre de toutes les critiques. Mais à chaque fois,  elle se défend en affirmant vendre sa technologie à des gouvernements dans le seul but de lutter contre le crime et le terrorisme. Selon elle, ses clients s’engagent par contrat à ne pas utiliser ses outils pour porter atteinte aux droits humains.

Des actions judiciaires intentées contre NSO et son logiciel espion

Ses arguments peinent à convaincre. Des actions judiciaires ont été intentées contre NSO. Amnesty international a lancé une procédure judiciaire pour demander la révocation de licence d’exportation du logiciel Pegasus, après l’affaire d’espionnage contre le journaliste marocain Omar Radi. Mais le 13 juillet dernier, la justice israélienne a rejeté cette demande.

En revanche, une autre procédure judiciaire suit son cours, celle de WhatsApp qui a porté plainte en octobre dernier aux Etats-Unis contre NSO après la découverte des attaques contre ses utilisateurs. Le 17 juillet, la justice américaine a estimé que la procédure pouvait se poursuivre. Les dirigeants de WhatsApp s’en réjouissent et espèrent obtenir des informations sur les pratiques de NSO. On n’a pas fini d’entendre parler de ce sulfureux logiciel Pegasus.

Avec RFI

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