Alors que les relations entre Pékin et Washington sont conflictuelles depuis presque deux ans en raison de la guerre commerciale lancée par l’administration Trump, la crise sanitaire mondiale attise encore les tensions entre les deux grandes puissances.
La Chine et les États-Unis sont « au bord d’une nouvelle Guerre froide », a déclaré, ce dimanche 24 mai, le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi. La crise du Covid-19 a exacerbé les tensions, des tensions déjà élevées en raison de la guerre commerciale que se mènent les deux puissances. « Outre la dévastation causée par le nouveau coronavirus, un virus politique se propage aux États-Unis », a estimé Wang Yi sans citer le président américain.
« Un virus politique »
Un « virus politique » qui « saisit toutes les occasions pour attaquer et diffamer la Chine », a-t-il rajouté. Ces dernières semaines, le président américain Donald Trump a multiplié les accusations à l’encontre de Pékin. « Les relations se sont beaucoup tendues depuis que l’épidémie du coronavirus a atteint les États-Unis », confirme Jean-Philippe Béja, directeur de recherche émérite au CNRS, au micro de RFI.
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Le président américain accuse notamment les autorités chinoises d’avoir tardé à communiquer des données cruciales sur la gravité du virus dont la propagation aurait pu, selon lui, être endiguée. De plus, les premiers malades du coronavirus, qui a fait aujourd’hui plus de 330 000 morts, ayant été signalés dans la ville chinoise de Wuhan, Donald Trump a évoqué la possibilité de demander à Pékin de payer des milliards de dollars de réparations pour les dommages causés par l’épidémie.
Les États-Unis ont également appelé à une enquête internationale sur l’origine du virus. De son côté, la Chine s’est dit « prête » à une coopération internationale pour identifier la source du Covid-19, sans toutefois donner de détails.
Tensions politiques sur fond de conflit économique
Mais les tensions ne proviennent pas uniquement des États-Unis. « La Chine n’a cessé de se radicaliser au cours de cette épidémie. D’abord, avec la « diplomatie des masques », puis avec les diplomates « loups guerriers » qui ont attaqué tous les pays dans lesquels ils étaient en poste, analyse Jean-Philippe Béja. On a une espèce de système orwellien dans le discours chinois. C’est-à-dire qu’on met en garde contre la nouvelle Guerre froide et on fait tout ce qu’il faut pour lancer une nouvelle Guerre froide »
Le motif économique est également un facteur d’aggravation des tensions dans la relation sino-américaine. « La guerre commerciale qui avait commencé il y a deux ans n’est toujours pas terminée. Dans une certaine mesure, aujourd’hui, il semble que le regain de tension soit positif pour les deux camps », conclut le chercheur, rappelant notamment qu’une élection présidentielle se profile aux États-Unis.
Le laboratoire de Wuhan au coeur des spéculations
L’institut de virologie chinois de Wuhan régulièrement accusé, notamment par les États-Unis, d’avoir un lien avec le Covid-19 de par sa proximité avec le lieu d’émergence de l’épidémie, possède trois souches vivantes de coronavirus de chauve-souris. Mais aucune ne correspond au Covid-19, a également assuré sa directrice dimanche 24 mai.
Dans un entretien télévisé, Wang Yanyi a assuré que « comme tout le monde, nous ne savions même pas que le virus existait » et que les soupçons étaient « de la pure fabrication ». Les seules souches présentes dans ce laboratoire chargé d’étudier certains des pathogènes les plus dangereux du monde n’ont que « 79,8% » de similarité avec le Covid-19.
Selon la plupart des scientifiques, le nouveau coronavirus a probablement été transmis à l’homme depuis un animal. Un marché de la ville a d’ailleurs été incriminé car il aurait vendu des animaux sauvages vivants.
Avec RFI