Les opérations de décompte se poursuivent dimanche au Nigeria, où une course serrée oppose les trois favoris à la présidentielle de samedi, qui s’est globalement déroulée dans le calme malgré quelques incidents sécuritaires et des couacs logistiques.
Le Nigeria a commencé à proclamer, dimanche 26 février, les tout premiers résultats de la présidentielle après un scrutin très disputé dans le pays le plus peuplé d’Afrique, où les retards pris dans les opérations de décompte ont suscité inquiétudes et accusations de tentatives de fraudes.
Plus de 87 millions d’électeurs étaient appelés samedi à choisir parmi 18 candidats l’homme qui aura la lourde tâche pendant quatre ans de redresser le Nigeria, plombé par une économie en berne, les violences récurrentes de groupes armés et de bandits, ainsi qu’un appauvrissement généralisé de la population.
L’annonce des résultats, État par État, a commencé peu avant 19 h locales, mais va prendre du temps : après avoir donné les chiffres pour Ekiti, un petit État du sud-ouest, la Commission électorale nationale (Inec) a reporté la suite à lundi matin. Le Nigeria compte 36 États et le territoire de la capitale fédérale Abuja.
Dans un communiqué l’Inec a reconnu des « problèmes techniques » liés à l’utilisation de nouvelles technologies de collecte et de centralisation des résultats de quelque 176 000 bureaux de vote pour la première fois dans une élection nationale. Elle a toutefois assuré que « ces résultats sont en sécurité (…) et ne peuvent pas être falsifiés ».
Le vote s’est globalement déroulé dans le calme, malgré quelques incidents sécuritaires et des couacs logistiques, qui ont provoqué des retards, attisant les craintes de manipulation des votes, alors que les scrutins précédents ont été entachés par des accusations de fraudes.
La veille au soir, dans plusieurs bureaux à travers le pays, des foules d’électeurs filmaient en direct dans la nuit avec leur smartphone les dépouillements, comptant à voix haute les bulletins avec les agents électoraux, dans une ambiance festive.
Comme Juliette Ogbonda, de nombreux électeurs sont restés pour compter à voix haute pendant que les agents électoraux dépouillaient les bulletins à la nuit tombée. « Je veux m’assurer que cette élection est transparente, libre et juste », expliquait cette réceptionniste de 30 ans, à Port Harcourt (sud-est).
Possible second tour
À Port-Harcourt (sud-est) d’autres électeurs sont restés après les dépouillements réclamant notamment la destruction des bulletins non utilisés : « Nous protégeons nos votes », dit fièrement Robert Ihuoma, un data-analyste de 38 ans qui est parti en même temps que les agents électoraux, épuisés de fatigue.
Parmi les candidats en lice, trois sont favoris : Bola Ahmed Tinubu, candidat du parti au pouvoir (APC), Atiku Abubakar, du principal parti d’opposition (PDP), et Peter Obi, soutenu par le Parti travailliste.
Pour être élu dès le premier tour, le vainqueur doit obtenir, outre la majorité des suffrages exprimés, au moins 25 % des voix dans les deux tiers des 36 États de la fédération auxquels s’ajoute le territoire de la capitale fédérale, Abuja. Sinon un second tour devrait avoir lieu dans les 21 jours. Il s’agirait d’une situation inédite depuis le retour à la démocratie en 1999.
Lenteur du réseau
Légalement, la Commission électorale a 14 jours pour rendre publics les résultats, mais ils pourraient être connus dans les prochains jours, voire heures.
Les données recueillies dans les quelque 176 000 bureaux de vote sont censées remonter plus rapidement que lors des élections précédentes à Abuja grâce au transfert électronique des résultats, expérimenté pour la première fois au plan national.
Mais dimanche matin, sur le portail de la Commission, aucun résultat pour la présidentielle n’avait encore été publié.
Le groupe d’observation Yiaga Africa s’est dit « profondément préoccupé » par ces retards.
Ce scrutin est crucial : le Nigeria – 216 millions d’habitants – devrait devenir en 2050 le troisième pays le plus peuplé au monde, tandis que l’Afrique de l’Ouest est menacée par un fort recul démocratique et la propagation de violences jihadistes.
Avec AFP