L’année prochaine 2022 pourrait être un tournant dans l’histoire du monde. Depuis environ une décennie maintenant, ce qui reste des sujets qui étaient une source d’antagonisme durant la guerre froide entre l’Ouest et l’Est est au cœur de la tension entre la Fédération de Russie et les États-Unis d’Amérique.
Parmi ces désaccords, l’Ukraine est au premier plan. Concernant l’Ukraine, parfois, depuis 2014 qui a marqué l’annexion de la Crimée par la Russie et le début du conflit civil ukrainien entre Kiev et les rebelles séparatistes soutenus par Moscou, la tension monte et descend.
En cette fin d’année, la tension en Ukraine est montée rapidement et, cette fois-ci, pourrait dégénérer en un conflit ouvert, même nucléaire, qui mettrait définitivement fin à la vie sur terre. Les deux parties sont très déterminées et ne semblent pas disposées à faire marche arrière.
La Russie estime que depuis la fin de la guerre froide, ses efforts et ses concessions pour un monde pacifique ont été considérés par un Occident arrogant comme une faiblesse et que le monde ne peut pas continuer à être ce qu’il est sans la Russie en tant que grande et respectable puissance qui a les garanties de sécurité et de paix. La Russie a été flouée pendant trop longtemps.
Quant aux États-Unis d’Amérique, ils pensent que la Russie a perdu la guerre froide et qu’en tant que première puissance occidentale, eux les États-Unis ont gagné et comme vainqueur, ils ne devraient pas partager leur victoire ou leur pouvoir avec quelqu’un autre. L’Amérique pense s’assurer qu’aucune autre puissance, qu’elle soit résurgente comme la Russie ou émergente comme la Chine, ne puisse menacer sa suprématie.
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale en 1945 et pendant toute la période de la guerre froide, les troupes soviétiques étaient stationnées en Europe de l’Est. Selon l’actuel président russe Vladimir Poutine, avant la réunification en 1990 des Allemagnes de l’Ouest et de l’Est et le retrait des troupes soviétiques d’Europe de l’Est, il y avait un accord tacite entre Mikhaïl Gorbatchev qui était le dernier dirigeant soviétique et George Herbert Walker Bush afin que l’OTAN ne s’étendit pas vers l’Est. Mais peu de temps après, cette promesse a été rompue.
En 1999, lors du sommet de Washington, une première vague de quatre pays à savoir la Hongrie, la Pologne et la République tchèque sont devenus officiellement membres de l’OTAN. En 2004, au sommet d’Istanbul, il y a eu une deuxième vague de sept États d’Europe centrale et orientale, la Bulgarie, l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Roumanie, la Slovaquie et la Slovénie qui sont devenues membres de l’OTAN. Le 1er avril 2009, l’Albanie et la Croatie ont adhéré à l’alliance, juste avant le sommet de Strasbourg-Kehl. Le 5 juin 2017 et le 27 mars 2020, le Monténégro et la Macédoine du Nord ont respectivement rejoint l’OTAN.
Depuis le début de l’expansion de l’OTAN, tout ce qui s’est passé s’est fait au grand désarroi des Russes qui n’ont pas pu faire grand-chose. Après l’effondrement de l’Union soviétique, la Russie était dans une position très faible et a dû faire face au déclin économique, à l’inflation, à la pauvreté de masse, à la baisse de l’espérance de vie, au terrorisme, au séparatisme, etc.
Boris Eltsine qui a dirigé la Russie après la chute de l’Union soviétique, de 1991 à 1999, bien qu’étant le chouchou de l’Occident pour avoir contribué à mettre définitivement fin au rêve communiste en Europe, n’était pas un dirigeant russe attaché aux intérêts russes. Il a été impliqué dans des scandales de corruption et s’est avéré publiquement être un ivrogne.
Au début des années de sa présidence à la tête de la Fédération de Russie, Poutine a cherché à défendre ce qui pouvait être sauvé de l’héritage d’Eltsine. Il a essayé de devenir un allié de l’Occident et de proposer l’intégration de la Russie dans l’OTAN.
Face à l’expansion de l’OTAN, la Russie a fait un revirement drastique. Lors du discours de Munich en Allemagne le 10 février 2007, Poutine, pour la première fois et de manière globale, a clairement indiqué qu’il n’accepterait plus l’élargissement de l’OTAN. Ces avertissements ont été suivis en août 2008 par la guerre entre la Russie et la Géorgie. Cette guerre a éclaté après que les Géorgiens ont tenté de réintégrer unilatéralement les régions séparatistes d’Ossétie et d’Abkhazie.
En 2014, le même scénario s’est produit en Ukraine lorsque la révolution de « Maiden » a forcé le président Viktor Yushchenko à fuir le pays. La Russie a annexé la Crimée et a commencé à apporter son soutien aux séparatistes de l’est de l’Ukraine.
Le conflit dans l’est de l’Ukraine n’est toujours pas réglé. Plus que le règlement de ce conflit, la Russie cherche à empêcher l’Ukraine de rejoindre l’alliance de l’OTAN et à arrêter le déploiement de système d’armes occidentales près de ses frontières. Poutine a lancé un avertissement clair à ce sujet tout en amassant des troupes et des armes aux frontières de l’Ukraine. La Russie souhaite un accord avec les États-Unis garantissant à la fois l’intégrité du territoire ukrainien et la sécurité de la Russie. Cependant, le président Joe Biden a déjà rejeté les propositions russes menaçant la Russie de nouvelles sanctions si elle devait davantage se montrer agressive à l’égard de l’Ukraine.
La situation est assez tendue. Il est difficile de dire quelle sera l’issue de cette lutte.. On est sûr que l’année prochaine, les choses pourraient conduire à une guerre limitée ou à un accord de paix totale entre les États-Unis et la Fédération de Russie sur la question la plus controversée en Europe dans l’ère de l’après-guerre froide. Mais nous ne devrions pas exclure la possibilité d’une erreur de calcul menant à une guerre totale et nucléaire qui, si elle avait lieu, serait la dernière de l’humanité.
Il y a un besoin de négociation qui ouvrira la voie à un nouvel ordre mondial où les responsabilités seront partagées entre les grandes puissances. Sinon, le monde pourrait se diriger vers son anéantissement les yeux ouverts.
Alfred Cossi CHODATON (WhatsApp : 95401064), Le Libre Penseur, publié le dimanche 05 décembre 2021, à 20 heures.